Portrait de Saint Ignace

L’Espagne, qui manifestait au XVIe siècle une étonnante vitalité religieuse, devait fournir l’un des plus grands artisans de la Réforme catholique, Ignace de Loyola (1491-1556).

Né au château de Loyola, descendant d’une famille de la noblesse basque du Guipuôzcoa, il avait trente ans lorsqu’il fut blessé à la jambe en défendant, au nom du roi d’Espagne, la citadelle de Pampelune assiégée par les Français.

L’inaction forcée pendant une longue convalescence lui donne le temps de lire. La vie des saints, la Vie du Christ, de Ludolphe le Chartreux l’amènent progressivement à prendre conscience de la vanité de sa vie passée et favorisent sa conversion. Il se rend en pèlerin au monastère bénédictin de Montserrat, où l’on vénérait une statue de la Vierge. Il se retire alors dans la ville voisine de Manrèse où il vit dans une grotte ou au couvent des dominicains. Comme un soldat se prépare à de nouveaux combats, il pratique les Exercices spirituels pour se mettre totalement au service de Dieu.

Après un pèlerinage à Jérusalem, convaincu de la nécessité d’études solides pour rassurer les autorités ecclésiastiques et trouver des compagnons prêts comme lui à se faire pauvres afin d’annoncer le Christ, Ignace se met à l’étude du latin à trente-trois ans, et il fréquente les universités d’Alcala et de Salamanque. Il mène aussi une vie d’ascète : il veut être « pauvre et cultivé ».

L’inquisition le soupçonne cependant d’appartenir à la secte des alumbrados (illuminés) et Ignace juge plus prudent de partir pour Paris (1528). Après une année passée au collège de Montaigu, il entre au Collège Sainte-Barbe. Il travaille avec acharnement et gagne à sa cause une poignée d’hommes décidés : Pierre Favre, François-Xavier, Basque alors ambitieux et sportif, et quatre Espagnols, Jacques Lainez, Alphonse Salmeron, Nicolas Bobadilla et Simon Rodriguez.

Le 15 août 1534, Ignace de Loyola et ses six compagnons, dans la chapelle Saint-Denys, au pied de la colline de Montmartre, font des vœux de pauvreté, de chasteté, celui d’aller en mission en Terre sainte et, en cas d’échec, celui de se rendre à Rome pour se mettre aux ordres du pape, « pour que le Christ, par l’intermédiaire de son vicaire, daigne leur montrer la voie de son plus grand service ».

La guerre entre les Turcs et Venise empêche tout pèlerinage en Terre Sainte. Les compagnons se rendent donc à Rome et demandent au pape une obédience (1537). Au cours de ce voyage, une vision convainc Ignace que le Christ est présent à leurs côtés et qu’il faut le suivre jusqu’à la folie de la croix, être en vérité un « compagnon de Jésus ». En 1539, le projet de fonder un ordre religieux nouveau est envisagé. Ignace de Loyola rédige une règle. Aux trois vœux traditionnels, il ajoute un quatrième vœu qui est la reprise du vœu de Montmartre : celui d’obéissance au pape. Le 27 septembre 1540, Paul III approuve solennellement la Compagnie de Jésus. En avril 1541, Ignace, élu par ses compagnons à l’unanimité, devient général de l’ordre des Jésuites.

La fondation allait connaître un succès rapide. Les créations d’Ignace et de ses compagnons jésuites voulaient répondre aux besoins de leur temps. A Rome, Ignace fonde la maison Sainte-Marthe pour accueillir les prostituées et les réintégrer ensuite dans le monde. Il ouvre un foyer pour la protection des jeunes filles. Il lance le Collège romain ainsi que le Collège germanique destiné aux Allemands. Ses compagnons créent des collèges pour former partout une élite. Ils se font prédicateurs pour remédier à l’ignorance religieuse. Feux jésuites, Lainez et Salmeron, allaient participer au concile de Trente. François-Xavier part dans les pays lointains, en mission, en Inde et au Japon et meurt d’épuisement en face de la Chine. Les Jésuites, qui étaient au  nombre de dix en 1540, avaient dépassé le millier en 1556, à la mort de saint Ignace.

 

(D’après Paul CHRISTOPHE, L’Eglise dans l’histoire des hommes, tome 2, Droguet-Ardant, 1983,pp.99-101)

Les origines

Le Collège a été construit pour recevoir les pensionnaires du Collège Notre-Dame de la Paix de Namur dont les locaux trop étroits et les cours de récréation resserrées ne pouvaient plus suffire pour une population d’élèves plus que doublée depuis la fin de la Première guerre mondiale.

A mi-chemin entre Namur et Dinant, le plateau de Godinne est choisi ; c’est un emplacement rêvé pour un internat à la campagne : 40 ha de terrain, dont 12 de bois, la vallée de la Meuse avec, non loin, de belles promenades le long du Crupet, du Bocq ou de la Molignée et, surtout, avec des communications faciles. La construction est menée activement par le père Mols dès avril 1925 ; le collège est inauguré en septembre 1927. Le pavillon des aînés est bâti en six mois, de mars à septembre 1929. La grande salle est commencée le 28 mars 1930 et achevée le 22 novembre, toujours sous la direction du père Mols.

Des 220 pensionnaires de Namur – dont 18 rhétoriciens – en 1926-1927, 177 se sont inscrits à Godinne la première année scolaire ; c’est donc presque la totalité qui emménage à Saint-Paul avec un tout petit nombre d’externes de Namur.103 nouveaux internes sont également du nombre. 15 pères jésuites (dont 11 proviennent de Namur) et 16 professeurs laïcs (dont 9 de musique) forment la communauté éducative.

Le saint protecteur du Collège, le blason, la Devise

Pourquoi saint Paul comme patron et non un saint jésuite ? Comme la paroisse au Village était dédiée à saint Pierre, le recteur, le père Dutry, a voulu se placer sous le patronage du second pilier de l’Eglise.

Sur l’écusson, outre la devise, sont utilisés ce qu’en héraldique on appelle « des meubles » : une épée, deux roses et deux loups autour d’une marmite. L’épée de saint Paul rappelle son martyre : il a été décapité au glaive.

Les deux roses symbolisent la sainte Vierge, appelée dans les litanies rose mystique. Le collège, pensionnat du Collège Notre-Dame de la paix, la place comme protectrice du collège.

Les deux loups accotés à une crémaillère : les armes de la famille des Loyola à laquelle appartient Ignace, fondateur de la Compagnie de Jésus. Lo à la même signification que leu en wallon 1, loup en français, du latin lupus. Ola ou olla signifie marmite en latin. Lo y ola : lupi ad ollam, loups à la marmite, loups à la crémaillère. Loyola veut donc dire loups défenseurs du foyer².

Viriliter ? Dans sa 1e lettre aux Corinthiens, chap. 16, v.13, saint Paul écrit : « Vigilate, state in fide, viriliter agite et confortamini. » Le texte original grec est bien plus clair et utilise le verbe andrixesthe qui signifie soyez des hommes, c’est-à-dire « montrez que vous avez une âme, que vous n’êtes pas comme des animaux, des êtres seulement matériels qui obéissent à leurs instincts ». Veillez, soyez fermes dans la foi, soyez des hommes, soyez forts : voilà ce à quoi nous engage le collège.

1 Les Loups, les Leus, habitants de La Louvière

2 Ces explications de G. Seigneur et E. Joarlete sont tirées du livre commémoratif Collège Saint-Paul, n°2, Année académique 1928-1929, pp.25-28.

Les constructions et les transformations de 1930 à 1970

Le père PICKERY S. J. écrit en 1930 qu’on peut attribuer aux bâtiments de Godinne les paroles du psalmiste « Omnis gloria ejus filiae regis ab intus » : toute sa beauté est à l’intérieur! Il est vrai que, vu du dehors, le Collège ressemble à un blockhaus4, à vocation scolaire cependant.

En 1938, la seule construction extérieure est celle du boyau de la mort5, du temps du P. Kerkx, recteur.

En juin 1951, on aménage une nouvelle infirmerie dans les locaux de musique : 12 chambres, une chapelle, une salle de pansement, une salle de récréation pour les convalescents. Les salles de musique sont transférées dans l’ancienne salle de dessin.

En 1953, « pour calmer l’exubérance de la jeunesse et contribuer à son éducation musicale, on vient d’installer dans les deux grands réfectoires d’élèves d’excellents diffuseurs qui émettent de très beaux concerts durant une notable partie du repas ».6

En 1956, on automatise les chaudières du chauffage central ; en 1957, la grande chapelle (11000m3) est équipée d’un chauffage à air pulsé et, deux ans plus tard, elle se voit embellie de 12 vitraux non figuratifs dus à l’artiste Roger Coppe et d’un autre encore pour le jubilé des 50 ans de vie religieuse du frère Wirth (Au F. J. Wirth pour ses 50 ans de Compagnie, ses frères pleins de joie.)

3 Voir Collèges de la Compagnie. Colleges der Sociëteit van Jezus (1830-1930),p.11, ouvrage extrait de Un siècle d’enseignement libre édité par la revue catholique des idées et des faits, 1930.

4 Le bétonnage est le mode de construction qui a été choisi, pour les avantages appréciables d’économie et de rapidité qu’on y a trouvés. Le système adopté est le système breveté Steven dit du « monolithe creux ». Sans vouloir entrer dans les détails techniques, qu’il suffise de dire que ce système consiste en ce que les murailles  ne sont pas coulées tout entières en béton, mais qu’on y ménage des vides de haut en bas, faisant en quelque sorte cheminée, et cet espace est rempli de cendres. Ainsi, toutes les parois, les plafonds, forment un monolithe creux « plein de cendres, plus léger certes que s’il était tout en béton, séchant plus facilement, offrant moins de sonorité et dont la solidité est assurée par des armatures de fer, la composition même des matériaux et d’autres procédés de construction ».(Voir Collège Saint-Paul, n°1, Année académique 1927-1928,pp.9-10)

5 Les collégiens, et davantage encore les internes qui restent à l’école 24h/24, dénomment facilement les lieux qu’ils fréquentent ou affublent de sobriquets les professeurs qu’ils subissent. Ainsi, dans l’ancien collège jésuite N-D à Tournai, un couloir, le 16, tenait ce surnom parce qu’il était « treize et trois »(très étroit) ! Le « boyau de la mort » rappelle un passage mortel de tranchées, très proche des lignes allemandes, au nord de Dixmude et dénommé ainsi en mai 1915 lors de la Première guerre mondiale. Le couloir, au Collège de Godinne, au rez-de-chaussée  ne possédait pas de radiateurs et les élèves le traversaient, en hiver dans un froid glacial encore accentué par une porte extérieure.

6 Revue Echos, décembre 1953.

 

Quelques  changements  internes  d’importance

Si le Collège se transforme visiblement et de l’extérieur – à l’arrière – et de l’intérieur, il évolue également dans ses structures internes et pas seulement pédagogiques.

En 1975, le père Lambert émet le souhait de voir des anciens élèves et des anciens parents d’élèves participer au conseil de direction du collège (PO : pouvoir organisateur). Jusqu’à cette date, le conseil était formé surtout de pères jésuites étrangers à la maison, travaillant pour la plupart dans d’autres collèges ; les laïcs sont ainsi associés aux grandes décisions de gestion.

En 1977, dans son allocution du 50e anniversaire9, le père Christian de Deckere, préfet général des collèges jésuites de la province francophone, souhaite, quant à lui, que la responsabilité du PO soit partagée non seulement avec les anciens élèves et anciens parents mais aussi avec des professeurs et des éducateurs.

Ces deux souhaits se concrétisent en deux étapes : d’abord, en 1984-1985, quand les anciens et d’anciens parents entrent dans le PO et, en 1994-1995, par l’arrivée de professeurs et d’éducateurs élus par leurs collègues, de parents dont les fils sont encore en secondaire et de personnes extérieures au collège. L’Association des parents ne mandate pas ces personnes : elles font partie du PO à titre personnel.

En septembre 1975, le prix de la pension cesse d’être uniforme. Il sera désormais déterminé pour les parents en fonction de leurs revenus et de leurs charges familiales.

En 1998, coup de tonnerre dans le ciel (pas toujours) bleu de Saint-Paul : le collège s’ouvre à la mixité ! Des filles entrent dans les classes : 20 dans les classes préparatoires et 5 dans le secondaire.

En 1999, la fusion avec le collège de Burnot crée une nouvelle entité scolaire, le « collège de Godinne-Burnot » ; deux implantations, mais des structures pédagogiques communes. La moitié des professeurs de Saint-Paul enseigne sur les deux sites.

 

                                                                                                                                                    Claude Massart

Et l’école primaire

L’école primaire du Collège de Godinne doit son existence à l’ancienne classe préparatoire à l’entrée des humanités transformée en 6e primaire lors des refontes structurelles de l’enseignement dans les années 1970. A cette époque cette 6e année est rattachée au Collège d’Erpent car les chiffres de population ne répondent pas aux nouvelles normes de l’éducation nationale pour être école primaire autonome.

Lors de la sortie du décret de l’école de la réussite et la mise en place des cycles, la 5e primaire est ouverte.

Les 6 années du cursus primaire sont enfin ouvertes à la rentrée 2013.